A la rentrée scolaire, Anne-Catherine Lyon, Cheffe du Département vaudois de la formation, de la jeunesse et de la culture a annoncé qu'il restait encore des places d'apprentissage disponibles. Une nouvelle qui devrait réjouir celles et ceux qui n'ont pas encore trouvé leur bonheur dans la course à l'apprentissage. Pourtant, si certaines professions ne connaissent pas la crise, il n'en est pas de même pour d'autres. Ainsi, certains métiers du secteur primaire comme agriculteur ou du secteur secondaire comme maçon ou boucher ne séduisent plus les jeunes.
Déficit d'image ou déconsidération, il n'est pas toujours facile de choisir un travail qui traîne une réputation peu séduisante, comme l'explique Elettra Flamigni, collaboratrice scientifique à IFFP à Lausanne. « Dans une société extrêmement tertiarisée comme celle de la Suisse qui valorise de plus en plus les diplômes, il arrive souvent que les jeunes rechignent à choisir des métiers manuels. Dans le cas de l'agriculture, ce métier demande un grand investissement personnel. On ne compte pas ses heures et il faut envisager des études tertiaires en agronomie par exemple, ainsi qu'économique, surtout si on n'a pas à disposition une exploitation familiale. Enfin, il est très difficile à l'heure actuelle de gagner sa vie dans un tel métier, ceci étant dû à la compétition internationale. »
Pour Pascal, qui a entrepris un apprentissage dans le secteur agricole malgré les avis négatifs de ses proches, tout n'a pas été facile. « J'avais de bons résultats à l'école et mes professeurs ne m'ont pas encouragé à faire mon apprentissage. Au contraire, ils trouvaient dommage qu'avec mes capacités, je ne poursuive pas mes études. Au niveau familial, ma mère a mal réagi lorsque je lui ai annoncé mon attention d'être agriculteur. Comme nous ne possédons pas de domaine, je pense qu'elle a eu peur pour mon futur professionnel. » Et pourtant, rien n'aurait pu le décourager. Après avoir obtenu avec succès son diplôme, il travaille actuellement sur un domaine qu'il loue avec son oncle, lui-même agriculteur ! « Depuis que je suis enfant, j'aime tout ce qui touche de loin ou de près au monde agricole. Rien n'aurait pu me faire changer d'avis. »
Enfin, des raisons géographiques peuvent aussi expliquer l'insuccès de certaines professions par rapport à d'autres. « La faible mobilité linguistique ainsi que la distribution inégale entre régions urbaines et rurales font qu'à des endroits, on manque de places d'apprentissage alors qu'à d'autres ce sont les personnes à former qui manquent », explique Elettra Flamigni. L'inversion de ces tendances passe, selon cette dernière, par une revalorisation de ces professions. « Elle peut avant tout se faire par la hausse des salaires. L'amélioration des conditions de travail peut aussi contribuer à attirer plus d'apprentis. Les organisations du travail sont également en mesure d'oeuvrer pour améliorer l'image d'un métier, par exemple en misant sur la valorisation des compétences techniques requises, ou sur son impact social ou environnemental. Enfin, des mesures de soutien à la mobilité des apprentis permettent aussi de repourvoir certaines places. »
FG