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Trois apprentis veveysans sur quatre quittent le district

Loris Basile est apprenti mécanicien en première année au Garage du Sud, à Châtel-Saint-Denis. Quand on lui demande s'il a cherché une place d'apprentissage au-delà des frontières de son district, il s'étonne de la question et assure avoir trouvé son bonheur rapidement. «Il y a des garages dans la région, pourquoi aurais-je été voir ailleurs? C'est pratique, je peux rentrer à midi manger chez moi, à Semsales», explique le jeune homme. Un choix qui s'est imposé comme une évidence. Et pourtant...
Les chiffres interpellent. Sur les 102 élèves qui ont terminé leur école obligatoire en juillet dernier au Cycle d'orientation (CO) de la Veveyse et qui ont opté pour un apprentissage (une formation duale ou une école des métiers), seuls 27 d'entre eux se sont engagés avec une entreprise veveysanne. Or, 80 places d'apprentissage étaient proposées dans le district. La majorité des apprentis ont ainsi préféré s'exiler. Cette tendance se vérifie également sur les cinq années précédentes, comme le montrent les statistiques tenues par le centre d'orientation du CO de la Veveyse. Elle s'est même accentuée.

Riviera «plus sexy»


Alors, les entreprises veveysannes souffriraient-elles d'un manque d'attractivité? «C'est un peu plus compliqué que cela», rétorque Frédéric Aebischer, conseiller en orientation au CO à Châtel-Saint-Denis. N'empêche, la proportion surprend: trois apprentis sur quatre qui finissent leur école secondaire à Châtel-Saint-Denis privilégient une entreprise implantée en dehors du district.
Ils partent à Bulle, à Fribourg, mais surtout sur la Riviera vaudoise. Cet été, un tiers d'entre eux se sont liés avec une société basée entre Villeneuve et Lausanne. Idem l'an dernier. Et ils étaient même un sur deux il y a deux ans. Au-delà du fait que la Veveyse n'offre pas toutes les possibilités de carrière, notamment dans le secteur tertiaire, l'attrait exercé par l'agglomération lémanique joue un grand rôle. Il y a un côté plus «sexy», reconnaît Frédéric Aebischer. «Il est plus facile d'attirer des jeunes à Montreux ou à Vevey qu'à Châtel-Saint-Denis ou à Palézieux», indique pour sa part Daniel Willi, chef du bureau d'ingénieurs civils éponyme, à Montreux, qui a déjà engagé plusieurs apprentis de la Veveyse.


Fribourgeois appréciés


Le standing de certaines entreprises influence aussi le choix des candidats. «Des sociétés comme Nestlé ou Bobst, par exemple, font régulièrement appel à des élèves issus du CO de la Veveyse et peuvent leur offrir de jolies perspectives», relève Frédéric Aebischer, pour qui l'intérêt professionnel bien sûr et la durée de transport entre le domicile et la place de travail («pas plus d'une heure à l'aller») doivent primer dans les critères de sélection du futur apprenti.
Les élèves fribourgeois, «réputés plus scolaires», ont la cote, remarque encore le conseiller en orientation châtelois. Cela ne fait pas de doute pour Joseph Molleyres, responsable de l'entreprise châteloise A. Rosselet, spécialisée en sanitaire et chauffage. «C'est connu, les sociétés vaudoises aiment bien les apprentis fribourgeois», assure-t-il. «Depuis le début de mon mandat préfectoral, j'entends des patrons vaudois me dire qu'ils apprécient les élèves du CO de Châtel-Saint-Denis. Je ne sais pas si c'est une question de "meilleure" formation ou de simple réputation, mais cette tendance est réelle», renchérit Michel Chevalley, préfet du district.

Décrocher un contrat


Une fois leur apprentissage achevé, la plupart des apprentis continuent de travailler pour leur entreprise formatrice. Dès lors, le départ de nombreux jeunes veveysans préoccupe-t-il le canton? «C'est regrettable, mais ce le serait bien davantage si ces jeunes ne trouvaient pas de solution. En Veveyse, dans les cantons de Vaud ou de Berne, peu importe finalement tant qu'ils décrochent un contrat», rétorque Christophe Nydegger, chef du Service de la formation professionnelle du canton de Fribourg.
Ce dernier souligne que pour son service, l'objectif premier est celui fixé par la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique, à savoir atteindre un taux de 95% de jeunes titulaires d'un diplôme du degré secondaire II. «Ce que nous parvenons à faire», remarque-t-il. En Veveyse, cette proportion tutoie même les 100%.

 

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«Un déséquilibre amplifié»

Pour Jean-Luc Mossier, directeur de la Promotion économique du canton de Fribourg, les départs d'apprentis veveysans dans le canton de Vaud s'expliquent par un nombre de places de travail insuffisant dans le district.

Un tiers des élèves du Cycle d'orientation de la Veveyse, qui se destinent à un apprentissage, sont engagés par une entreprise vaudoise. Est-ce un motif d'inquiétude pour vous?
Je le regrette, mais ce chiffre n'est que moyennement choquant. Il me semble cohérent. La population veveysanne croît de manière très importante, avec notamment l'arrivée de nombreuses familles avec enfants. Alors que dans le même temps, le nombre de places de travail et d'entreprises, donc de possibilités de se former, n'augmente pas dans une proportion identique.

Pourtant, 80 places d'apprentissage étaient proposées cet été dans le district...
Il y a une question d'adéquation entre l'offre et la demande. Les places offertes n'ont simplement pas dû satisfaire toutes les demandes des jeunes cherchant un apprentissage. La Veveyse ne possède pas le réservoir d'entreprises de l'agglomération fribourgeoise par exemple. Elle ne peut pas retenir tous ces jeunes. Le district vit un déséquilibre, comme tout le reste du canton, mais qui y est amplifié en raison de la proximité de la région lémanique.

Ce n'est donc pas un déficit d'attractivité des entreprises du district...
Non. C'est clairement le problème du nombre de places de travail disponibles. Je le répète, tout le canton est concerné, pas seulement la Veveyse. Près de 25000 pendulaires fribourgeois travaillent en dehors des frontières du canton. C'est une conséquence logique de la croissance démographique de ces dernières années.

 

(source La Gruyère)

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