Le Genevois Rémy Forster a remporté le championnat suisse des charpentiers.
Son essence préférée? La réponse fuse: «Le frêne, un bel arbre au bois blanc. Mais pas facile à travailler.» Pourtant, ce n'est pas le boulot qui fait peur à Rémy Forster. Samedi dernier, au terme d'un concours étalé sur trois jours et qui a duré pas moins de vingt-deux heures, ce Genevois de 19 ans à peine ? il les a fêtés le 1er juillet ? a remporté le Championnat suisse de charpente, à Frutigen (BE).
Nous l'avons rencontré chez son employeur, l'entreprise de menuiserie et charpente Duret SA, à Thônex. Seul ce jour-là dans l'immense hangar (200 m2 environ) qui surplombe l'Arve près du pont de Sierne, Rémy Forster s'active au milieu des planches, des poutres, de la sciure qui s'incruste partout et de toutes sortes de machines. Il les quitte un instant pour évoquer sa passion du bois.
«Je suis un manuel. J'aime travailler avec mes mains, mais aussi élaborer des plans à l'ordinateur. On vient de terminer un chantier à l'ancienne Ecole de médecine. En charpente, on travaille surtout le sapin et le chêne ou encore le mélèze. Le bois, ça me parle depuis toujours.» Son père, patron d'une entreprise de menuiserie-charpente, n'y est sans doute pas étranger. «Et mon frère cadet fait un apprentissage de menuiserie», glisse-t-il. Lui va commencer sa quatrième et dernière année en formation duale (cours à l'école et apprentissage en entreprise). Mais le Troinésien ne compte pas s'arrêter en si bon chemin: «En effet, je vise la maîtrise, mais ce sera encore long, plusieurs années de formation.»
Pour l'heure, c'est le CFC (certificat fédéral de capacité) qui l'attend l'an prochain. Et pourquoi pas de nouveaux lauriers? «Il y aura bientôt d'autres concours afin de sélectionner les trois apprentis charpentiers qui représenteront la Suisse aux Championnats d'Europe. Et l'un de nous ira aux Championnats du monde...»
Rémy Forster aime la compétition. Mordu de VTT, sociétaire du club de la Pédale des Eaux-Vives, il enfourche son vélo chaque fois qu'il le peut. «Un peu moins maintenant, à cause des études, sourit-il. Mais j'adore ce sport.» Là encore, ce n'est pas la difficulté qui arrête ce grand blond de 1,88 m. Il aurait pu faire de la descente, il a opté pour le cross-country! «J'aime les montées. J'ai terminé 19e de ma catégorie lors du Grand Raid en 2014. Pour les jeunes, il s'agissait de rallier Evolène à Grimentz. J'ai aussi fini 6e à la Gruyérienne l'an passé.»
La charpente, le VTT en forêt... Le bois est présent partout dans la vie du Genevois. La preuve? «Je fais aussi du scoutisme. Etre scout, c'est aimer construire avec le bois toutes sortes de choses, des outils aux cabanes. On y retrouve les principes de la charpente.»
De quoi appréhender au mieux les concours? Là, il y a encore un énorme saut. C'est donc dans son entreprise qu'il s'est préparé pour les Championnats suisses, sous l'expertise de son maître de stage, Bernard Bufflier, et en profitant des conseils de tous ses collègues et de son patron, François Duret.
A Frutigen, ça n'a pas été une sinécure: «On devait faire deux maquettes. La première en huit heures ? là, on avait largement le temps ? et la seconde en quatorze heures. J'ai mis ma dernière vis à l'ultime minute!» Avant, il a fallu calculer des cotes, ébaucher un plan (une épure), rembarrer (retracer les traits sur le bois), enfin tailler «à la main, car les outils électriques sont interdits hormis le rabot, les visseuses et les perceuses», précise-t-il, puis assembler les pièces, sous l'oeil des experts.
A la clé, une maquette compliquée. Pas de quoi décourager Rémy Forster. Qui rêve de fabriquer quoi, finalement? «Quelque chose de pas ordinaire. Une maison avec une toiture asymétrique, par exemple?» Le regard du jeune homme s'éclaire, il ébauche un large sourire avant de retrouver ses poutres et ses planches.
(source Tribune de Genève)