Lors de la formation professionnelle, il peut arriver qu'une rupture intervienne entre les deux parties, mettant ainsi un terme au contrat d'apprentissage. Si tu es dans ce cas, il est primordial de ne pas te décourager car les risques de marginalisation sont grands, comme l'explique Pierre-André Michaud, médecin au CHUV. « Lors de nos recherches effectuées dans les années 90, nous avons remarqué que plus l'interruption après le travail durait, plus l'état mental se dégradait. Il faut savoir que le regard que nous posons sur les jeunes compte beaucoup pour leur santé mentale. Leur fournir des perspectives d'avenir est alors la meilleure chose que nous pouvons faire pour eux.»
Sache qu'il existe deux résiliations principales : la résiliation mutuelle où les deux parties s'entendent pour rompre le contrat et la résiliation avec effet immédiat, où l'une des deux parties met un terme à la collaboration professionnelle. Cette dernière est la plus courante et est engendrée par divers facteurs. Le plus souvent, la mauvaise entente mutuelle est invoquée, suivie par le désir de se réorienter. Dans d'autres cas, elle peut être le résultat d'un échec aux examens, d'un changement de maître d'apprentissage, de problèmes familiaux ou de santé, ou tout simplement de la faillite d'une entreprise.
Pour Caroline, 25 ans, ses problèmes familiaux ont eu raison de sa motivation au travail. « Je vivais des instants difficiles. Je me rendais au cours mais je n'allais plus beaucoup travailler car je n'avais tout simplement ni l'envie, ni la motivation. Pourtant, j'aimais vraiment mon métier. Finalement, nous avons organisé une séance de conciliation avec tout le monde. Et d'un commun accord, nous avons décidé de rompre le contrat en décembre 2005, un an et demi avant la fin de ma formation dans la vente. » A contre coeur. « C'était plus difficile pour moi d'arrêter plutôt que de continuer car malgré tout j'aimais mon métier. »
Arrive alors le stress de retrouver une place et la sensation d'être en retrait. Suite à ces événements, elle est placée dans un semestre de motivation. « Je ne suis pas très fière de moi, mais au moins j'ai découvert de nouvelles activités qui me plaisent encore aujourd'hui. ». Au terme des six mois, Caroline a retrouvé un emploi dans la vente et a pu terminer sa formation. « J'ai finalement obtenu mon CFC de gestionnaire de commerce de détail à un petit rien de la mention ! » Revenue de loin, celle qui travaille actuellement au sein d'une firme suisse conseille aux jeunes de ne pas baisser les bras. « Il ne faut pas hésiter à demander de l'aide, mieux vaut trop que pas assez. Mais surtout, il faut être sûr de son choix. Il ne sert à rien de continuer ta formation si cette dernière ne te plait pas. »
Si comme Caroline tu rencontres des problèmes ou tu ne souhaites tout simplement pas continuer, il est primordial d'en parler autour de toi. Mais si tu n'oses pas aborder le sujet avec ton formateur, tu peux trouver une oreille attentive auprès du responsable de ta branche. Ce dernier est en charge du contrôle de la qualité de l'apprentissage et s'occupe des conditions de travail des apprentis. Et n'oublie pas le plus important : si tu décides de quitter ta formation, il est absolument nécessaire de poursuivre les cours à ton école professionnelle et de retrouver au plus vite, dans les trois mois, une nouvelle place d'apprentissage.
Et le professeur Michaud de conclure: « 30% des jeunes subissent un échec, c'est la norme, il ne faut donc surtout pas se décourager ».
Semestre de motivation : Programme pour adolescents ou jeunes adultes en rupture d'apprentissage ou sans solution professionnelle, qui visent à les intégrer dans le monde du travail.